Montessori en pratique

  • Un environnement préparé :

L’éducation Montessori vise à fournir aux enfants des environnements parfaitement adaptés à chaque stade de développement, qui leur permet de répondre à l’appel intérieur des «sensibilités» spécifiques et leur donne la liberté d’agir conformément à leurs tendances humaines innées. Ainsi, si l’éducation est considérée comme un moyen pour réaliser le potentiel optimal de l’enfant dans toutes les facettes de sa personnalité émergente, l’«environnement préparé» fournit une base solide et permanente sur laquelle vient prendre appui l’éducation. Le milieu préparé est différent pour chaque plan de développement mais guidé par les mêmes principes.

L’environnement préparé et le rôle de l’enseignant distinguent Montessori des autres approches éducatives. Dans la classe Montessori, les élèves apprennent en faisant : l’activité autonome constitue environ 80% du travail tandis que l’activité dirigée par les enseignants représente les 20% restants. Donc les environnements spécifiques offrent la possibilité aux enfants d’être actifs, d’effectuer diverses tâches, d’explorer, d’expérimenter, de faire des hypothèses et de les vérifier : ce qui induit à penser à des relations, à développer un esprit logique et une pensée déductive.

La nature séquentielle logique de l’environnement fournit des structures ordonnées, qui découvertes, servent de guide : ainsi les théorèmes sont expérimentés, pas présentés; les règles d’orthographe sont dérivées par la reconnaissance de modèles, pas seulement mémorisées. Chaque aspect du curriculum implique l’invention créatrice et l’analyse réfléchie prudente.  Le pourquoi et comment les élèves arrivent à ce qu’ils savent est tout aussi important que ce qu’ils savent. L’analyse des résultats d’apprentissage à chaque niveau Montessori implique le processus pour parvenir à un savoir, ce dernier va être expérimenté et répété pour se transformer en une connaissance extrapolable dans différents contextes par l’élève.

  •  Le matériel qui soutient l’autonomie :

Le matériel invite à l’activité, chacun est conçu pour une autonomie maximale de l’enfant. Par sa conception, le matériel permet  facilement à l’enfant d’identifier toute erreur et de la corriger progressivement ; ce qui élimine le recours à l’adulte pour la correction. Au lieu qu’une force extérieure vienne le juger, l’enfant repose son jugement personnel  sur les impressions qui lui viennent de ses sens ; son estime de soi est préservée. L’auto correction inhérente au matériel peut être mécanique (toutes les pièces s’emboîtent d’une seule façon), visuelle (l’œil contrôle des groupes d’objets triés par le toucher), ou par l’existence d’une feuille de réponses auto correctrices. Dans tous les cas, en venant s’appuyer sur sa propre évaluation, l’enfant développe un «sentiment amical» envers l’erreur, se plaçant sur la voie constructive du perfectionnement et de l’excellence.

  • Groupes d’âges mixtes :

Dans une famille, au travail ou dans la société dans son ensemble, nous sommes en constante interaction avec les personnes qui sont plus âgés ou plus jeunes que nous.  Un environnement d’âges mixtes est une caractéristique importante de l’éducation Montessori. Puisque les enfants ont besoin de différents environnements adaptés à différents stades de leur développement, les classes sont mélangées  3-6 ans, 6-12 ans. Le jeune enfant est entouré par des modèles un peu plus développés que lui. L’enfant plus âgé se trouve dans une position de responsabilité, et, en montrant à de jeunes enfants ce qu’il sait, il peut démontrer à lui-même et aux observateurs,  plus sûrement que par n’importe quel test, son niveau d’apprentissage. L’apprentissage par les pairs est ici pleinement vécu naturellement. La coopération remplace la compétition comme force motrice au sein de ces mini-sociétés que sont les classes Montessori, voire de l’école dans sa globalité. L’auto-éducation est ainsi facilitée par l’environnement préparé ce qui signifie que chaque enfant apprend et se développe à son propre rythme tout en ayant conscience des autres et en trouvant sa place parmi eux.

  • Liberté et discipline :

Le fonctionnement social et émotionnel de l’environnement est tout aussi important que l’environnement physique. L’environnement Montessori donne aux enfants les outils dont ils ont besoin, mais ils doivent aussi avoir la liberté de les utiliser et de manifester leurs tendances de répéter, explorer ou manipuler.

  1. La liberté de choix est donnée à chaque enfant progressivement suivant ses capacités. L’interaction de l’enfant avec l’environnement est la plus productive, en termes de développement de l’individu, quand elle est librement choisie et fondée sur l’intérêt individuel. Dès le moment où les enfants entrent dans la classe le matin, ils sont libres de choisir leurs activités pour eux-mêmes, avec pour condition d’avoir suivi une présentation préalable faite par l’enseignant.  C’est l’«auto-éducation » qui est recherchée.
  1. liberté de temps : chaque enfant peut travailler avec une activité aussi longtemps qu’il le veut, la répéter autant de fois qu’il en a besoin, ou tout simplement prendre son temps.  Son intention est protégée par l’enseignant qui lui donne la possibilité d’aller jusqu’au bout de son choix, de son action voir de son défi. Puis il va décider de terminer lorsque la force qui le poussait à se concentrer est satisfaite. De longues périodes de concentration de ce type sont fréquemment observées dans les environnements Montessori chez les enfants dès l’âge de trois ans. Paradoxalement, c’est cette liberté qui mène à la discipline et au calme intérieur.
  • développement de la volonté de l’enfant:

Grâce à la prise de décision constante (libre choix),  la capacité de l’enfant à reconnaître et à écouter ses intérêts, son implication dans une activité choisie et ses interactions sociales dans un groupe multi-âge, l’enfant progresse dans son développement social et moral en expérimentant selon un processus personnel, vécu au sein de ses pairs et des adultes formés dans une véritable micro-société que représente la classe.

  • Inhibition et limites:

L’environnement contient également en son sein des  limites, à la fois naturelles et sociales, qui proviennent de la pratique constante de l’inhibition de ses impulsions. Par exemple, dans l’environnement préparé il n’y a qu’un seul exemplaire de chaque matériel. Si un enfant a envie de prendre un matériel déjà utilisé : il devra attendre et apprendra par là-même à partager, à prendre en compte l’autre. De même, une activité, librement choisie, n’est terminée que quand elle a été retournée à sa place, prête à être utilisée par la prochaine personne : ainsi la conscience du bien commun est pratiquée. Les besoins du groupe dans son ensemble est la limite à la liberté individuelle.

  • «  la normalisation» :

L’Éducation Montessori utilise ce terme spécial pour nommer le processus par lequel les caractéristiques, telles que l’initiative, l’auto-discipline,  la concentration, l’indépendance, l’autonomie, l’amour des activités motivantes, l’empathie et la compassion se manifestent chez l’enfant. Cela ne se réfère pas à une normalisation qui serait un processus  pour être forcé de se conformer, mais décrit une observation de faits survenus dans le développement à plein potentiel de l’enfant. Maria Montessori utilise ce terme pour indiquer sa conviction que ces caractéristiques sont normales dans  l’enfance.  Lorsque les enfants sont autorisés à vivre dans une liberté au sein d’un environnement adapté à leurs besoins, ils s’épanouissent. Après une période d’intense concentration, en travaillant  avec du matériel librement choisi suivant leur intérêt, les enfants semblent être rafraîchis et contents. Les recherches actuelles en psychologie positive nomment cet état le « flow » ou expérience optimale.  Grâce à l’activité concentrée issue de leurs choix, les enfants grandissent dans la discipline et la paix intérieure. Cette «normalisation» est le résultat le plus important de l’éducation Montessori.

 

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